Louis Aliot : « S'ils s'abstiennent, les électeurs laisseront le pouvoir entre les mains de ceux qui l'ont déjà »

Publié le par Louis Aliot - Europe 2009

ELECTIONS EUROPEENNES. Louis Aliot, tête de la liste FN dans le Sud-Ouest aux élections européennes de juin 2009, a répondu en direct, via le site du journal Sud-Ouest, aux questions des internautes le lundi 25 mai

Voici l'intégralité des questions et réponses de ce Tchat spécial Elections européennes.

Nico24 : Vous êtes candidat pour la région Sud-Ouest, mais méconnu à Bordeaux. Pourriez-vous présenter votre parcours et vos fonctions actuelles ?
Louis Aliot : Je suis Ariégeois d'origine, d'Ax-les-Thermes (09). J'étais universitaire à Toulouse, conseiller régional de Midi-Pyrénées, conseiller municipal de Perpignan, et effectivement peu connu d'Aquitaine, puisque la grande région sud-ouest intègre aussi l'Aquitaine. Mais notre formation politique, elle, est bien connue des aquitains puisqu'elle a 7 conseillers régionaux et que notre chef de file Jacques Colombier est ancien conseiller municipal de Bordeaux et présent sur notre liste (en 5ème position).

Lea33 : Quels arguments pouvez-vous employer pour convaincre les internautes de la région de s'intéresser à l'élection européenne ?
L.A. : S'ils s'abstiennent de voter, les électeurs laisseront le pouvoir entre les mains de ceux qui l'ont déjà. Et cela n'a pas grand intérêt puisque tout continuera comme avant. En revanche, une forte mobilisation de l'électorat dans le style que nous avons connu lors du débat réferendaire sur la constitution et un score significatif des euro-sceptiques au sens large, de droite comme de gauche, aurait une signification pour les dirigeants de l'Europe et contesterait le choix ultra-libéral qui est aujourd'hui manifestement le seul choix que l'on nous propose à droite et à gauche dans les partis traditionnels.

Anne : Craignez-vous une forte abstention? Nuirait-t-elle au résultat du Front National ?
Oui, je crois que l'abstention est l'ennemi du FN pour une raison essentiellement sociologique : notre électorat est un électorat populaire qui ne se déplace que dans les élections symboles de la République (présidentielle ou élection nationale). Pour nous, ces élections n'ont jamais été un bon cru. Et c'est en mobilisant l'électorat populaire, en faisant prendre conscience des enjeux et de la nécessité de réorienter cette Europe et de sortir de celle-là, que l'on arrivera à intéresser nos électeurs à cette consultation. Les médias télévisuels principalement portent une lourde responsabilité dans la morosité ambiante. On peut dire que les Européennes 2009 ont démarré véritablement il y a une semaine.

Bdx33 : Si vous êtes élu, quelle sera votre première action ou votre première mesure au Parlement européen ?
Si je suis élu d'abord, ce sera pour rejoindre un groupe à l'échelle européenne avec mes collègues du Front National, qui défend le modèle européen auquel j'aspire, c'est-à-dire l'Europe des Nations, et donc de créer un groupe des eurosceptiques pour infléchir la politique de l'Union et participer à une politique plus protectrice de nos intérêts, de nos emplois, de nos entreprises et des citoyens français.

garfieldfr: N'est-il pas paradoxal de voir un parti anti-européen tenter d'être représenté au Parlement européen ?
Non c'est ne pas paradoxal. Il y a deux schémas européens qui s'opposent depuis des années. Celui de Jean Monnet, dont les héritiers sont aujourd'hui l'UMP, le Modem et le PS (social-démocratie) et l'autre schéma défendu par le Général De Gaulle, que tout le monde a oublié, qui est le modèle d'une Europe des coopérations entre Etats sur des projets concrets, mais en respectant les souverainetés et les identités des peuples qui la composent. C'est celle-là qu'il faut retrouver.

Philippe_LACOMBE: Vous faites campagne pour rendre flottant l'Euro français. C'est à dire revenir au Franc en le libérant de ses contraintes vis-à-vis de la Banque Européenne et des taux directeurs qu'elle impose. Avec une dette qui avoisine le 80% du PIB comment est-ce possible sans augmenter l'inflation qui en découlerait et qui nous mettrait à mon sens, dans une situation où nous aurions du mal à soutenir la spéculation financière ?
Il est évident que pour le moment, il y ait peu de chances que nous sortions de l'euro, pour l'instant. Mais vous avez aujourd'hui des économistes qui se posent la question de l'intérêt de cette monnaie unique dans la croissance actuelle, sachant que l'Europe avait commencé à décrocher avant que la crise n'éclate. La question de l'existence de l'euro est mise entre parenthèse, on n'échappera pas à un débat sur sa pérennité dans les années qui viennent. Gouverner c'est prévoir. Cela fait plus de 20 ans que notre famille de pensée, notre mouvement politique, avec des économistes de talent, je pense à Maurice Allais, prix Nobel d'Economie, disait que le système mis en place à l'échelle mondiale et la manière dont l'Europe s'est insérée dans ce schéma, sans précautions particulières, a conduit à une catastrophe. Dans ce schéma là, les banques ont fait beaucoup de profits et de bénéfices sur le dos des clients, des entreprises et du marché, les ont investis notamment aux USA dans des fonds de spéculation aujourd'hui bidons et quand la finance s'est effrondrée, curieusement, les banques et la finance européennes ont dégringolé avec. De ce point de vue l'Europe n'a pas été une protection, elle a été un démultiplicateur de la crise. Pour revenir à une stabilisation de la situation, il faut retrouver le pouvoir de décider, y compris à l'échelle nationale , au niveau financier, et ça passe notamment par le contrôle de la Banque Centrale Européenne et la protection de nos frontières, par ce que l'on a appelé des écluses douanières.

kiki40 : On n'entend jamais le Front National sur les questions environnementales... Que proposez-vous de novateur dans le domaine du développement durable, et dans celui de l'énergie ?
On était très favorable au ferroutage. Aujourd'hui, le ferroutage est au point mort et pire que ça : en raison de la libéralisation du marche du fret ferroviaire, il y a un recul de l'activité et des pertes pour la SNCF. C'est donc qu'il n'y a pas de grande volonté politique pour faire passer le transport des marchandises des routes vers le rail puisque la France est la plateforme européenne du transport routier avec toutes les nuisances que cela occasionne. De la même manière pour le TGV Paris-Toulouse, on peut se demander s'il arrivera un jour à Toulouse et dans quelles conditions. C'est effectivement là un investissement prioritaire que l'Etat devrait prendre en charge directement, en arrêtant se gaspiller l'argent public et en le recentrant sur ce type d'équipement structurant. Sur ce que l'on appelle les énergies renouvelables, on est dans une région, avec la sylviculture et la filière bois, où beaucoup de promesses ont été faites et peu tenues. Je suis plutôt favorable à l'énergie solaire, tout ce qui est recherche photovoltaïque, mais très sceptique et même opposé au développement des parcs éoliens qui défigurent les paysages pour des résultats qui sont loin d'être satisfaisants par rapport à la production d'électricité traditionnelle.

Internaute : On voit plusieurs partis de droite (extrême) se radicaliser en Europe de l'Est ou en Autriche par exemple. Comment l'expliquer ? De quels leaders européens vous sentez-vous proche ?
Je me sens le plus proche de Jean-Marie Le Pen et d'aucun autres leaders de droite ou d'extrême droite, ne me considérant pas être un homme d'extrême-droite. Je me sens donc proche de toutes celles et ceux qui défendent le schéma d'une Europe des patries, respectueuse de l'identité et de la liberté des peuples.

Philippe_LACOMBE : L'entrée de l'Islande dans l'Union est-elle une bonne chose ? Comment convaincre la Norvège d'y adhérer ?
Le FN est plutôt favorable à l'élargissement d'une Europe sur des bases culturelles et économiques, de Brest à Vladivostok, en y incorporant l'espace russophone. Ce qui exclut l'intégration de la Turquie qui n'est ni géographiquement ni culturellement un pays européen.

Louisbx: Le Front national est-il favorable à la construction de mosquées quand le financement n'est pas étranger ? Soutient-il le type d'action qu'à effectué le Bloc identitaire sur Bordeaux ?
Le groupe du FN à l'époque à la mairie de Bordeaux a été le premier à combattre l'idée de la construction de ce que l'on a appelé une "mosquée cathédrale". Et évidemment, à tout financement public ou aide publique à ce type de construction. Plus d'un siècle après la loi de séparation entre l'Eglise et l'Etat, on ne voit pas pourquoi, sur notre terre aux racines chrétiennes, nous financerions d'autres cultes avec l'argent du contribuable.

Clotilde : Que pensez-vous des positions et de la candidature de Dieudonné ?
Philippe_LACOMBE : Comment percevez-vous le "phénomène" Dieudonné et son programme anti-sioniste ?
J'appréciais très peu l'humour de Dieudonné avant, quand il était avec son compère Elie Semoun, je ne suis toujours pas réceptif à ce type d'humour et je pense que Dieudonné a trouvé un bon filon entre le spectacle et la provocation pour faire prospérer ses affaires.

Andre47 : Pourquoi ne pas avoir fait liste commune avec d'autres candidats ? Risquez-vous de passer sous la barre des 5% ?
Non, je ne pense pas que nous passions sous la barre des 5%. Et pour faire des listes d'entente, justement, il faut s'entendre, ce qui n'est pas le cas avec M. de Villiers ou avec les chasseurs avec qui nous nous opposons sur, par exemple, le soutien inconditionnel à l'UMP de l'un, et le soutien à l'entrée de la Turquie en Europe pour les autres. On préfère être "battu sur nos idées, qu'élus sur celles des autres".

On parle beaucoup actuellement de la crise du lait et des producteurs. Est-ce un sujet de campagne pour vous? Quels thèmes abordez-vous lors de vos meetings ?
Le problème du lait aujourd'hui, c'est le problème des céréaliers, des producteurs de fruits et légumes, des pêcheurs et des viticulteurs. De tous ceux qui, d'une manière ou d'une autre, sont tributaires de la PAC, et de la politique européenne dans ces matières. C'est donc évidemment un sujet prioritaire qui touche à notre identité, de peuple de paysans, qui touche aux traditions locales, à notre indépendance alimentaire et à la qualité des productions alimentaires. De ce point de vue-là nous dénonçons le système communautaire qui a fait disparaître en 25 ans, 4,5 millions d'agriculteurs et qui continue par utopie mondialiste à sacrifier des pays, des familles et des entreprises au nom de la libre-concurrence, ce qui est absolument scandaleux et criminel.

Clotilde : Les résultats du scrutin européen auront-ils des conséquences sur l'avenir du FN et la succession de Jean-Marie Le Pen ?
Seb64 : Le Front National semble très divisé en France, avec beaucoup d'exclus ou de sécessionnistes... Avez-vous retrouvé la stabilité à la Direction du parti ? Qui est le véritable leader ?
Le véritable leader, c'est Jean-Marie Le Pen. Le reste n'a été juste avant les européennes qu'une querelle d'interêts personnels. Jean-Marie Le Pen a dit qu'il quitterait la direction du FN au prochain congrès, c'est à dire trois ans après notre précédent congrès, donc en novembre 2010. A ce moment-là, ce sont les adhérents du FN directement qui choisiront la personnalité la mieux à même de porter nos idées vers le succès. Les élections européennes n'auront pas une influence particulière dans ce schéma-là.

Merci à tous d'avoir participé à ce Tchat avec Louis Aliot.
[...]
Nous laissons le mot de la fin à Louis Aliot : Je demande à mes concitoyens de bien peser le choix qu'ils feront le 7 juin. D'abord et avant tout parce que nous sommes une démocratie et qu'après tout le droit de vote est aussi un devoir, une priorité. C'est donc d'aller voter. Et ensuite, dans le vote qu'ils effectueront, de bien se souvenir que beaucoup se sont battus et sont morts pour notre liberté, et qu'on ne peut pas laisser le soin à d'autres de décider à notre place. Et c'est donc le moment de prendre son destin en main.

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