Le super TGV Sud-Ouest risque de rester à quai pour un bout de temps !

Publié le par Louis Aliot - Europe 2009

Symbole de la « réussite » très médiatisée de « l’Europe qui marche », le projet de train à grande vitesse (LGV) qui doit irriguer le Sud-Ouest dans la décennie semble très sérieusement en panne. Devant les légitimes réticences de nombre collectivités locales appelées à participer à son financement de quelque 15 milliards d'euros, inédit par son ampleur, la Ligne à grande vitesse du Sud-Ouest de la France risque bien de rester à quai encore un petit bout de temps.

Selon L’Indépendant et La Dépêche, Francis Idrac, préfet d'Aquitaine en charge de coordonner ce LGV-Sud-Europe Aquitaine (LGV-SEA), évoque aujourd'hui un « nombre trop important » de cas où les collectivités délibères sous conditions pour mener à bien ce programme. Et du côté de Matignon, on entame d’ultimes discussions pour parvenir à un accord « d'ici la mi-juillet » afin d'organiser « à l'automne le deuxième tour des négociations entre RFF (Réseau ferré de France) et le concessionnaire ». Aussi, les sociétés Bouygues, Eiffage et Vinci sont déjà sur les rangs.

De plus en plus d’élus locaux refusent de porter l'entière responsabilité de ce retard qui s’accumule en invoquant le fait que les infrastructures ferroviaires nationales ne relèvent normalement pas de leurs compétences. Ce projet LGV-SEA est constitué d'un tronçon central (Tours-Bordeaux) assorti de trois branches : Bordeaux-Toulouse et Bordeaux-Espagne (prévu pour 2018-2020), regroupées sous l'appellation Grands projets du Sud-Ouest (GPSO) et Poitiers-Limoges (mise en service en 2016). Or, il s’avère que tous ces dossiers sont menés de front, mais avec des calendriers et des modes de financement différents, qui restent à préciser. Autant dire que tout cela part dans tous les sens… et on se demande bien à quoi peut servir un « coordinateur », tout préfet qu’il soit, devant un tel capharnaüm.

Le gouvernement attendait pour fin janvier l'engagement des collectivités sur un protocole d'accord financier portant sur 25% du programme. Or, les uns et les autres se renvoient la patate chaude : ainsi, Alain Rousset, président socialiste de la région Aquitaine, le plus gros contributeur à hauteur de 600 M d’euros au total, renvoie l’affaire à Fillon, le Premier ministre. Quant au président de la SNCF, Guillaume Pépy, il rappelle que ce projet, considéré comme « vital », pourrait se voir doubler par d'autres, actuellement menés en Bretagne ou dans le Sud-Est, asséchant alors les capacités de financement.
Voilà qui augure une longue mise à quai du LGV, à la fois essentielle médiatiquement et politiquement symbolique au moment où Sarkozy et son gouvernement peinent à émerger favorablement dans l’opinion. En tout cas, il apparaît clairement comme une évidence que la date d’échéance de 2016 ne sera pas respectée…

Et pour convaincre les récalcitrants, le préfet Idrac évoque la possibilité offerte aux collectivités d'emprunter à un taux préférentiel. En période de crise économique aiguë, de resserement des budgets, cela promet de belles hausses d’impôts dans le Sud-Ouest… à moins que ce haut fonctionnaire de l’Etat ne mette en œuvre son ultime menace : la suppression de certaines dessertes.
En somme, non seulement le projet LGV ne verra pas le jour de sitôt, non seulement les contribuables locaux du Sud-Ouest devraient être largement mis à contribution comme de parfaites vaches à lait, mais en plus, nombre de gares viendraient à disparaître, pénalisant de fait plusieurs centaines de milliers de nos compatriotes.

Publié dans Transports

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